Crise agricole Alain Juppé veut soutenir les prix en réorientant la Pac
Assurance revenu ou chiffre d’affaires, stocks d’intervention, fonds de péréquation… Le candidat à la primaire Les Républicains prépare la Pac post-2020.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Les instruments classiques de la Pac, imaginés il y a cinquante ans, ne peuvent pas être réactivés.
Mais l’Europe ne doit pas pour autant renoncer à toute forme de régulation par idéologie ou naïveté », déclare Alain Juppé, dans un document intitulé « Agir pour l’agriculture », diffusé le 12 avril. C’est la priorité n° 1 du candidat à la primaire Les Républicains : soutenir les prix en réorientant la Pac, pour protéger les agriculteurs contre la volatilité des marchés (orientation n° 1), en sécurisant les relations entre les acteurs des filières (orientation n° 2), et en nous adaptant aux différents marchés agricoles et alimentaires pour mieux répondre à leurs attentes (orientation n° 3).
Sans fierté, il n’y aura pas de redressement
Alain Juppé
Le candidat à la primaire propose la mise en place d’un observatoire européen indépendant des volumes et des prix qui permettrait d’anticiper les risques de surproduction ou d’effondrement des prix. Pour lui, l’Europe doit aussi encadrer l’intervention financière sur les marchés à terme des produits agricoles, en vue de prévenir la volatilité des cours.
Il s’agit ensuite de développer des mécanismes d’assurance permettant d’assurer un revenu minimum en cas d’aléa climatique ou lié à l’évolution des prix. Il pourrait s’agir d’une assurance « revenu » ou « chiffre d’affaires » : à la prime minimum que devrait verser l’agriculteur s’ajouterait un cofinancement sur le budget de l’UE (Union européenne) par redéploiement d’une partie des aides directes.
En cas de baisse du prix en dessous du prix plancher, un paiement anticyclique serait versé, qui correspondrait à l’écart entre le prix plancher et le prix du marché. C’est la logique qui a présidé au développement de l’assurance récolte à partir de 2005, et qui constitue la pierre d’angle du « Farm Bill » voté en 2014 aux États-Unis.
Alain Juppé estime que ces mécanismes devront être complétés par des dispositifs de gestion des crises au niveau international (stocks d’intervention dans le cadre du G20), européen et national (fonds de péréquation, incitations au stockage…) mais aussi au niveau des exploitations, en rénovant la fiscalité agricole pour permettre aux agriculteurs de se constituer une épargne de précaution. Et évidemment, le Maire de Bordeaux appelle de ses vœux la simplification de la Pac, tant en France qu’au niveau européen. Le tout dans un budget global et national constant…
Allègement des charges
« Mais La revalorisation des prix ne suffira pas », assure-t-il. Il prône donc aussi un allègement des charges fiscales, sociales et réglementaires qui pèsent sur les exploitations (orientation n° 4). Il estime qu’il faut également soutenir « fortement » l’effort d’investissement et d’innovation du secteur (orientation n° 5), à la fois pour rattraper le retard accumulé et donner un nouvel élan au secteur. Enfin, il affirme qu’il faut adapter le cadre juridique et réglementaire de l’agriculture au 21e siècle (orientation n° 6). Son objectif : rendre leur fierté aux agriculteurs de France, et en particulier aux jeunes.
Arielle Delest
Pour accéder à l'ensembles nos offres :